• dessous chics pour vierge choc

     

    7. dess chics vierge choc
     

    Les bourgeois et les rebelles ont depuis toujours des goûts différents mais comme la musique réunit toutes les couches sociales, on a beau critiquer, condamner, boycotter tel artiste, la prestation de la madone ce jour-là à fait mouche. Nous sommes en septembre 1984, la toute nouvelle chaine musicale qui a le vent en poupe s'appelle MTV et lançe pour la première année une émission télévisée diffusée en direct, une cérémonie récompensant les artistes et les créateurs pour leurs performances en terme de vidéos-clips : les MTV Videos Music Awards ; c'était l'époque bénie où l'on pouvait voir se partager sur la même scène les plus grands artistes internationaux : Cindy Lauper, Mick Jagger, Billy Idol, Iggy Pop, Police, Rod Steward, David Bowie, Tina Turner... l'époque où le talent et l'extravagance prenait le pas sur l'image et l'égo, l'époque où on pouvait encore s'amuser, se raconter des blagues, gentiment se charrier entre artistes rivaux sans que cela porte à conséquence.

    Mais ce jour-là une nouvelle artiste va tout changer, provoquant chez tout ce beau onde de vifs émois, un challenge de taille et une certaine Cindy Lauper verra son étoile scintiller une dernière fois avant qu'une sorcière blanche venue de Détroit ne lui souffle la place de numéro 1 !

    Les dancefloors et les jeunes fréquentant les clubs jusque tard dans la nuit connaissent plus ou moins déjà son visage d'italo-américaine et quelques-uns de ses titres disco-pop « lucky star » ; « bordeline » « everybody » et surtout « holiday » mais on le sait, s'il y a bien un média où il faut passer pour être médiatisé immédiatement, c'est la petite lucarne. Madonna l'a très vite compris, MTV diffuse déjà ses clips-vidéos alors une cérémonie de remise de prix portant le même nom ne peut que lui être bénéfique. Sans le savoir Madonna deviendra donc la première artiste féminine icône de l'histoire du rock, une star de l'image par l'image c'est-à-dire faire de celle-ci un portail ouvert sur le monde, les tendances et les moeurs, souvent sa musique passera au second plan, ce qui intéressera le grand public c'est d'abord de savoir quelle couleur de cheveux elle arbore pour son nouvel album, au grand dam de l'intéressée qui participe aussi de celà paradoxalement.

     

     

    La cérémonie s'ouvre donc sur cette fameuse prestation où le milieu de la profession la découvre vraiment en chair et en os, sur scène : l'élément qui fera d'elle quelques années plus tard son lieu de vie privilégié, dieu sait à quel point la scène va devenir l'endroit où Madonna laisse s'exprimer toute sa créativité et son talent. Quelques fausses notes rehaussées d'un choeur ou du CD on ne perçoit pas très bien mais Madonna ne chante pas seule à certains moments, sa voix de Minnie Mouse, ses pas hésitants et pas mal d'improvisation, c'est sans doute l'unique fois où Madonna appréhende à ce point le podium mais on ne l'y reprendra plus, ses prestations scéniques à l'avenir seront calculées tout aussi précisément qu'une lignée de fourmi sur le sentier de la guerre, il n'y aura plus de place pour l'a-peu près, on voit bien que même pieds nus collants blancs sous sa robe de mariée, elle fait peine à la voir descendre cette grande sculpture, un gâteau dirons-nous. Est-elle myope, a-t-elle le vertige ? Non je crois bien que c'est le trac qui la paralyse, elle est forcément attendu au tournant, sa grande question est de savoir à quel moment elle doit retirer le voile qui l'empêche de se détacher la touffe de cheveux hirsutes ; avant ou après être descendu du gâteau ?

     

     

    Bref finalement arrivée en bas de cette masse chantilly/crème pâtissière, son premier réflexe est de se laisser tomber à terre, se rouler sur le sol une toute première fois « a very first time » puisqu'elle le dit ! A moins que ce soit pour habilement se rechausser, scène que la caméra évite de filmer intelligemment si bien que une fois debout la vierge immaculée retrouve ses talons hauts et peut terminer sa chanson, tournoyant sur elle-même le bouquet de mariée à la main avant de la jeter à la foule stoïque devant tant d'audace. Traditionnellement on le lançe de dos mais là non, elle le fait bien de face, danse, sautille, se caresse à quatres pattes le voile à terre entre ses cuisses pour finir complètement sur le dos toutes cuisses apparentes, abandonnée aux yeux de tous ! D'abord timides les applaudissements se font plus appuyés, c'est sans doute la première fois que le public américain assiste à un cocktail explosif fait de musique, de mise en scène et de symboles aussi forts.

     

     

    ...Car tout y est justement dans la symbolique ;

     

     

    Madonna joue très fort la carte du puritanisme, de la tradition catholique et du consentement mutuel. Tout et son contraire : la pièce montée, la robe d'une blanc virginal, le bouquet de fleurs et face à cela une mariée pas coiffée limite punky-trash, une ceinture « jouet pour garçons » alors que la mariée pure justement est quand même censée se donner corps et âme à un seul homme toute sa vie de femme durant, l'excès d'accessoires et de maquillage. On ne joue pas avec les symboles et les tabous qui scandaliserait la bigote Amérique et Madonna a bien compris que pour éviter de passer pour une chanteuse lambda qui après un tour de chant, tomberait dans les oubliettes du top 100, il fallait taper fort, si possible là où çà fait mal ! Et grâce (ou à cause) de sa maladroite et sincère interprêtation, l'Amérique lui a déjà tout pardonné. Elle n'a pas tout compris, pas voulu ou pas vu le vrai message de la chanson, Madonna n'a jamais chanté « je veux perdre ma virginité, baise-moi » mais plutôt « je me sens comme une vierge quand ton coeur bat près du mien » que voulez-vous, ce double langage un tantinet ambigüe à joué son rôle de trouble-fait jusqu'au bout, tellement çà marche bien, et la Madone ne s'en est jamais défendue ou gênée, tu penses, tant que ses disques se vendent et qu'on parle d'elle...

     

     

    Même pas 2 mois plus tard sort dans les bacs le deuxième album de la chanteuse, « like a virgin » comme un hymne à toutes les vierges du monde dont elle dédie le disque, l'opus se vendra : 21 millions de par le monde. Les MTV Awards à l'instar de l'émission de Ruquier les samedis soirs serait-il devenu cette année 84 le rendez-vous incontournable pour tout artiste international qui voudrait que son oeuvre reçoive le meilleur accueil public et critique ? Ici en tout cas l'évènement y a je pense bien contribué ainsi que toute la polémique qui en a découlé. Comme on dit chez l'oncle Sam, A star is born car c'est ici que tout finit et que tout commence...

     

    Franck Schweitzer


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