• Prends çà dans ta face... B

     

     

     Présentée comme étant une chanson dite secondaire, la face B a pourtant au départ été considérée comme équivalent à la face A par les majors et les D.J. Dans les années 50 elle fut son complément, alors qu'un artiste présentais son nouveau simple. Ce n'est qu'en 1965 où faisant figure de visionnaires audacieux que les Beatles voyant que la hiérarchie allait s'installer, décidaient de casser le schéma en proposant sur l'un de ses simples, deux faces A à égale équivalence sans que l'indication soit donner laquelle de ces deux chansons devait ou pouvait être le tube ; l'essai se transforma et fit des disciples, Queen, Elvis Presley notamment reprirent ce concept de proposer deux fois une face A pour la promotion de leur musique.

     

    L'enregistrement double-face fut introduit dans une partie de l'Europe par Columbia Records et devint la norme à la fin des années 1910 partout ailleurs en Europe et dans le reste du monde. En 1948 Columbia mis sur le marché commercial le L.P. Et son rival RCA le 45T en remplacement prochain du 78T comme support unique. Par la suite, l'ensemble des maisons de disques détermineront de manière aléatoire quelle chanson sera gravée sur telle ou telle face (en vue de la spécificité du catalogue et de son numéro d'attribution tout comme autour de la logistique pour le palmarès des ventes et de leurs classements dans les charts. Rapidement quelques années après c'est la loi du marché tout simplement qui donna les consignes aux majors et la face B prit la place de second dans l'inconscient collectif, comme reléguée en tant qu' « autre chanson » du simple. La face A devint naturellement par la force des choses celle dont tout le monde parle, celle qui passe en boucle sur les ondes, celle dont on va faire un clip-vidéo ou que l'on va présenter comme étant le « nouveau succès de... » dans les émissions télés et lui donner ainsi une visibilité à travers l'imagerie télévisuelle. Les succès populaires de Madonna le démontrent bien, mis à part les fans, le grand public ne se souviendra pas des chansons de faces B telles que « Shoo-be-doo », « Till death do us part »... mais plutôt des tubes « Holiday » « Like a Prayer » ou « Erotica »

     

    La face B peut se proposer sous différentes formes ; une chanson différente du reste de l'esprit de l'album, une reprise, un live ou encore à partir des années 80, un version modifiée de celle présentée en face A (rallongé, écourtée, remixée). Il arrive plus rarement que la face B prennent le dessus sur la face A et là c'est davantage le public qui en décide du sort plus que du flair de l'artiste ou de sa maison de disques, notamment Madonna pour le 45T « Angel » avec en face B « Into the groove ».

    Angel sort en 1985 comme troisième single mais été prévu pour être le premier de l'album Like A Virgin et connaissant la suite des évènements, ç'aurait été un suicide commercial pour Madonna si elle avait fait çà. Par chance, « Into the groove » qui fut d'abord sa face B devint rapidement la face A de son propre single au vu de l'énorme potentiel qui s'en dégage et pas seulement parce qu'il illustre la bande son du premier film de Madonna mais une fois ajouté à la réédition de l'album une année plus tard, la Warner était certaine de doper les ventes de ce dernier. Autre exemple, en 1990, Madonna voulu mettre son légendaire tube « Vogue » en face B de l'un de ses singles avant que son entourage professionnel ne la fasse changer d'avis pour le plus grand bonheur de tous.

     

    Au rang des 45t & Cds de Madonna dont la face B n'apparait sur aucun album, ceux-ci ne sont pas si nombreux que cela, voici une liste je pense complète de ces face A/face B :

    1986 papa don't preach / ain't no big deal

    1989 cherish / supernatural

    1994 secret / let down your guard

    1998 ray of light / has to be

    2000 don't tell me / cyberragga

    2005 jump / history

     on notera qu'aucunes de ces faces B ne figurent au tracklisting d'aucunes de ses prestations lives... Parce qu'elles sont pas ou peu connues... Pour garder le côté « face B » intact !

    L'histoire musicale nous apprendra qu'au fil des années et des décennies « la chanson de la face B » ne se contentera plus seulement d'être marginalisé en second plan mais deviendra un titre à part entière, différent de ce qu'on appelle tube ou hits mais bel et bien un titre collector avec toute la notoriété qu'il pourra en tirer. Les collectionneurs et les fans en général en feront de cette face B un objet magique qui prendra non seulement une valeur personnellement inestimable mais les majors qui y verront leur profit augmenter, proposeront ce produit à grand coup de tapage médiatique et en feront une édition limitée donc rare et donc onéreuse le plus souvent. Le plus cher des 45T import de « Cherish » possédant « supernatural » en face B vaudra environ 40€ aujourd'hui alors que n'importe quel autre simple de Madonna ayant pour face B un autre titre figurant sur un album commerce coûtera moins cher.

     

    Le disque compact révolutionnera totalement la donne, d'abord et surtout parce qu' une seule face contiendra l'intégralité de l'écoute (que le disque soit un single, un maxi ou un album) et donc l'appellation face B disparaitra au profit de ce qu'on appellra « bonus track » pour conserver en quelque sorte la frontière existante entre le titre de l'album qu'on va vouloir exploiter et l'autre titre, proposé logiquement en seconde position. On remarquera que sur le visuel du vinyl -ou du cd- est écrit la chanson-phare que l'on entend sur les ondes et non pas son faire-valoir « B »

     Durant un temps, la K7 audio single aura marqué son époque elle aussi reprenant le même principe « face A/face B » on tourne la cassette dans le lecteur comme on tourne un vinyl sur sa platine mais là encore au vu de l'explosion du marché des produits concurrentiels et de collection, c'est la maxi-K7 single très populaire dans les années 90 (hors commerce) et qui ont ravit bons nombres de leurs adeptes. Madonna aura sorti quasiment la totalité de ces singles dans ce format-là à l'époque et vendu dans tel ou tel pays en fonction de la demande. C'est avec l'avènement d'Internet et de la musique téléchargeable (pour rappel « american life » en 2003 est le premier single de Madonna a connaître un support virtuel) que les ventes physiques ont nettement baissés, les faces B potentielles pour les nouveaux artistes ou celles ayant existés pour les artistes confirmés et passés sont mis à disposition comme une piste supplémentaire aux autres pistes de l'album avec juste en annotation (inédit, bonus track, non-album, outtakes) ; ici encore c'est le noyau dur des fans d'un artiste qui donne à ce titre-là un caractère exclusif et évènementiel. Madonna est passée maîtresse dans la multitude de supports commerciaux proposé ; notamment ses tubes des années 90/00 dont certains cumulent les formats : 45t, maxi 45t, LP, single, maxi single, vhs, K7 single.

     

    Franck SCHWEITZER


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :